L’impression 3D résine évolue vite, et certaines machines cherchent à se démarquer avec des fonctionnalités inédites. La Photon P1 d’Anycubic fait partie de cette catégorie, notamment grâce à une option particulière : la possibilité d’imprimer simultanément sur deux plateaux et deux bacs distincts. Derrière cette caractéristique très mise en avant, la question essentielle reste toutefois la même : offre-t-elle une expérience d’impression solide et fiable au quotidien ? Après analyse de la machine, de ses fonctions et des premiers tests réalisés, je vous propose un tour complet de ce qu’elle apporte réellement.
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Une machine pensée pour la rigidité et la stabilité
La Photon P1 s’appuie sur un châssis renforcé et un système de guidage par vis à billes de qualité industrielle. L’objectif est clair : réduire les vibrations et offrir une montée en Z précise, gage d’impressions régulières et reproductibles. Anycubic insiste également sur l’uniformité de l’écran 14K de 10,1 pouces, annoncée au-dessus des 92 %. Une uniformité élevée est un élément clé pour éviter les zones de sous-exposition, fréquentes sources d’échec d’impression.
Autre point notable : l’écran est recouvert d’une texture spéciale. Ce n’est pas une simple protection à enlever, mais une surface étudiée pour faciliter le relâchement du film et améliorer l’adhérence durant les premières couches. C’est une approche rarement vue et qui reflète une volonté d’optimiser l’interface entre la lumière et la résine.
La machine propose également un système de nivellement assisté. Celui-ci fonctionne via des instructions affichées à l’écran, indiquant précisément comment ajuster la vis pour atteindre une pression optimale. C’est une aide bienvenue, surtout pour celles et ceux qui peinent avec le nivellement manuel.
Une option double bac qui reste très spécifique
Impossible de parler de la Photon P1 sans évoquer sa fonctionnalité phare : l’impression sur deux plateaux et deux bacs simultanément. Il faut toutefois préciser deux choses. D’abord, ce module double n’est pas inclus d’origine ; c’est une option à acheter séparément. Ensuite, cette possibilité répond à des usages très ciblés, notamment dans des domaines comme le dentaire où l’on peut utiliser deux matériaux ou deux couleurs distincts.
Pour un utilisateur généraliste, cette double capacité reste plus une curiosité technique qu’une fonction indispensable. L’intérêt dépend totalement de votre activité. Pour la majorité des makers, la Photon P1 sera avant tout une machine monocuve, solide et fiable, avant d’être un système multi-bacs.
Une construction propre et des choix de conception cohérents
La Photon P1 montre plusieurs attentions pratiques. Le capot monté sur charnière est facile à manipuler, la poignée en aluminium assure une bonne prise même avec les mains légèrement résinées, et la présence du port USB et du bouton d’alimentation sur le côté est appréciable. Ces détails évitent d’aller chercher l’accès derrière la machine, ce qui facilite son intégration dans un atelier.
L’intérieur révèle une tête d’impression robuste, sans plastique apparent aux endroits critiques. Le système de blocage du bac par leviers latéraux simplifie son retrait, à condition de disposer d’un peu d’espace sur les côtés. On trouve aussi une caméra interne et deux LEDs pour le suivi d’impression ; ces ajouts ne sont pas indispensables mais peuvent fournir une aide visuelle.
Une interface simple, mais encore perfectible en pré-série
La machine testée fonctionnait avec un firmware de présérie, ce qui implique quelques traductions approximatives ou menus incomplets. L’interface reste néanmoins claire, réactive et structurée autour des fonctions essentielles : réglage de la température du bac, gestion du mode simple ou double, liste des fichiers internes ou sur clé USB, outils de contrôle et options de nettoyage.
Un détail pratique mérite d’être mentionné : la Photon P1 peut chauffer la résine. Le maintien en température réduit sa viscosité, améliore la polymérisation et limite les risques d’échec dans un atelier froid. C’est un avantage souvent réservé aux machines plus haut de gamme.
La machine intègre aussi des fonctions de reprise après coupure de courant, ainsi que 7 Go de stockage interne, suffisant pour conserver plusieurs impressions préparées.
L’écosystème logiciel : Photon Workshop en première ligne
En absence de profils disponibles dans d’autres slicers au moment des tests, Photon Workshop a servi de base de travail. Le logiciel s’appuie désormais sur Maker Online pour la gestion des modèles et pour la connexion réseau avec la machine. La communication entre le slicer et l’imprimante est fluide ; l’ajout de la machine sur le réseau s’est fait instantanément.
La génération automatique des supports reste un point sensible, comme souvent avec les slicers propriétaires. Sur un premier modèle, un support trop faible à l’avant s’est décollé sans conséquences majeures. Cela rappelle toutefois qu’un contrôle manuel des supports reste essentiel pour garantir la fiabilité d’impression, surtout sur des pièces complexes.
Les premiers résultats d’impression
Deux tests ont été réalisés. Le premier avec une résine Water-Washable blanche, fournie avec la machine. Le buste imprimé présente une surface propre, régulière, sans artefacts visibles. L’unique support décollé n’a pas dégradé le résultat, mais renforce l’idée d’ajuster manuellement les supports.
Le second test, réalisé avec une résine transparente, visait à vérifier la finesse et la qualité de polymérisation sur des détails beaucoup plus petits. Là encore, le résultat est convaincant. La pièce est nette, les détails apparaissent clairement et le retrait des supports a été particulièrement facile. Sur ce point, la Photon P1 se montre performante.
Une machine qui replace Anycubic dans la course
Les dernières générations d’imprimantes résine chez Anycubic avaient laissé un sentiment mitigé en matière de fiabilité. Cette Photon P1 semble corriger cette tendance. Malgré son statut de présérie, elle a montré une stabilité encourageante. Le seul bug notable concernait un problème de nivellement initial, rapidement corrigé grâce à l’assistant prévu pour cette opération.
Le lancement sur Kickstarter peut surprendre, surtout pour une marque déjà bien établie. Pour autant, le risque habituellement associé à cette plateforme paraît ici limité. Anycubic dispose de l’infrastructure et de la maturité industrielle nécessaires pour mener le projet à terme.
Le prix officiel annoncé est de 799 dollars, mais les précommandes early bird descendent à 499 dollars. À ce tarif, la machine devient nettement plus attractive si l’on souhaite investir dans un modèle robuste et fiable.
Conclusion : une machine solide, cohérente et prometteuse
La Photon P1 s’impose comme une imprimante résine bien conçue, stable et agréable à utiliser. La fonction double bac est un ajout intéressant pour certains professionnels, mais ce n’est pas son principal atout. Ce qui marque surtout, c’est la qualité du châssis, la rigidité mécanique, l’écran performant et l’écosystème logiciel désormais mieux intégré.
Je manque évidemment de recul sur plusieurs mois pour juger de sa durabilité, mais les premières impressions sont positives. Si vous cherchez une machine fiable, orientée vers la reproductibilité et dotée d’une expérience utilisateur claire, la Photon P1 mérite clairement votre attention. Et à un prix Kickstarter réduit, elle devient une proposition difficile à ignorer pour un atelier exigeant.
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