Bambu Lab P2S : L'Imprimante 3D Qui Redéfinit le Milieu de Gamme

Publié le 8 novembre 2025 à 09:37

L'arrivée d'un nouveau modèle chez Bambu Lab suscite toujours l'intérêt, et la P2S ne fait pas exception. Positionnée comme une évolution directe de l'emblématique P1S, cette machine est présentée par le fabricant comme "l'icône redéfinie". Mon rôle en tant que spécialiste est de décortiquer cette promesse : la P2S parvient-elle à offrir une expérience d'impression complète et performante pour la majorité des utilisateurs, sans le prix d'une machine phare ? Après un examen détaillé et des tests de matériaux rigoureux, je peux affirmer que cette imprimante représente un compromis fascinant entre la robustesse de la série P1 et les innovations de la série X1 ou de la nouvelle gamme H2. Je pense que l'intérêt principal de la P2S réside dans sa capacité à démocratiser des fonctionnalités jusqu'alors réservées aux modèles plus onéreux, tout en conservant le volume d'impression standard de la marque, soit 256 x 256 x 256 mm. Il ne s'agit pas d'une révolution, mais d'une optimisation stratégique de l'écosystème existant.

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Les mises à jour clés : quand la P1S rencontre la X1C

La distinction la plus frappante de la P2S par rapport à sa devancière, la P1S, est l'intégration d'un écran tactile couleur et graphique identique à celui que l'on trouve sur les modèles X1C. Les utilisateurs de la P1S devaient se contenter d'un petit écran non-graphique, reposant majoritairement sur l'ordinateur. L'écran de la P2S, en plus d'être réactif, est orientable, offrant un confort d'utilisation qui manquait cruellement au modèle précédent. Pour moi, c'est une amélioration fondamentale pour l'interaction directe avec la machine.

Au-delà de l'interface utilisateur, la P2S hérite d'avancées techniques significatives :

  • Le système d'extrusion : elle intègre un extrudeur de type PMSM (Permanent Magnet Synchronous Motor), une technologie déjà éprouvée sur la série H2. Ce moteur est censé offrir une extrusion plus intelligente et dotée d'une force supérieure, ce qui est crucial pour la fiabilité des impressions à haute vitesse.

  • La buse acier trempé de série : la machine est équipée d'une buse en acier trempé dès la sortie de la boîte. Ce détail technique est essentiel, car il garantit une meilleure durabilité face à l'utilisation de filaments chargés (comme le carbone ou la fibre de verre), permettant une utilisation plus polyvalente de l'imprimante sans nécessiter de mise à niveau immédiate de la buse.

  • La vision par ordinateur (IA) : Bambu Lab a équipé la P2S d'un système de détection par Intelligence Artificielle. Si la détection des "spaghettis" (filament en désordre) était déjà un classique de la marque, cette version ajoute la capacité de vérifier l'absence d'objets indésirables sur le plateau au démarrage de l'impression, l'encrassement de la buse et l'état de la goulotte de purge. C'est un gain de sécurité et de fiabilité précieux qui peut sauver de longues impressions.

J'ai également noté avec satisfaction l'amélioration de l'ergonomie. Le capot supérieur et la porte avant sont en vitre trempée. Le système de connexion pour l'AMS a été revu : la P2S permet de laisser un tube PTFE connecté en permanence à l'arrière, simplifiant la transition entre l'alimentation par l'AMS et le support de bobine externe. C'est un détail qui fluidifie l'expérience au quotidien.

Une plateforme technique conçue pour les filaments techniques (avec nuances)

La P2S est annoncée comme "prête pour les filaments techniques". Cela nécessite d'apporter une nuance technique importante. L'imprimante dispose d'une chambre d'impression régulée, mais non activement chauffée. La chaleur est maintenue principalement par le plateau chauffant et l'enceinte fermée pour éviter les fuites thermiques.

Cette distinction est capitale. Pour les matériaux comme l'ABS ou l'ASA, une enceinte fermée est souvent suffisante pour prévenir le warping (déformation due au refroidissement rapide). Toutefois, pour des filaments plus exigeants, comme le Nylon (PA6/PA12) ou le PC (Polycarbonate), l'absence de chauffage actif de la chambre peut constituer une limite. C'est l'un des compromis de conception qui a permis de garder le prix accessible.

Un autre point de conception qui semble être une économie de coût est le choix des axes. Contrairement à la X1C qui utilise des guides de haute précision ou des tiges en carbone, la P2S opte pour une logique plus classique sur l'axe X, ce qui contribue à son positionnement tarifaire plus contenu. Cependant, la qualité de l'emballage et l'assemblage demeurent excellents, signe que le fabricant a maintenu son sérieux sur les fondamentaux de la livraison.

Tests matières et limites d'impression

Les tests pratiques effectués sur cette machine m'ont permis de valider son comportement avec différents types de filaments.

PLA et TPU : un sans-faute attendu

Les impressions en PLA (Polylactic Acid) et TPU (Thermoplastic Polyurethane) ont été un succès immédiat, y compris avec des filaments de marques tierces. Le profil générique pour le TPU a donné des résultats très propres. Le système de détection par IA, conçu pour repérer les spaghettis, fonctionne même peut-être un peu trop bien, au point qu'il a fallu le désactiver pour un modèle spécifique basé sur la création intentionnelle de fils suspendus (un sapin de Noël décoratif).

La question des surplombs et de la vitesse

J'ai effectué le test de surplomb (overhangs) dans différentes conditions. Il en ressort que la P2S, comme beaucoup de machines à très haute vitesse, doit faire face au compromis entre rapidité et qualité de finition.

  • Avec un filament Silk et les paramètres par défaut (vitesse normale), les surplombs étaient jugés catastrophiques.

  • En revanche, en réduisant la vitesse d'impression au minimum (mode « tortue »), j'ai pu obtenir des résultats très propres.

Je conclus donc qu'il est possible d'avoir de beaux surplombs, mais cela exige de l'utilisateur qu'il adapte ses profils de vitesse pour certaines géométries complexes.

ABS et Nylon : les limites de l'enceinte régulée

Les tests des matériaux plus techniques ont mis en évidence la distinction entre chambre régulée et chambre activement chauffée.

  • ABS (Acrylonitrile Butadiène Styrène) : l'impression d'une série de pièces en ABS a été réalisée sans problème de warping ni de décollement, sans utilisation de colle spéciale. La chambre régulée a donc fait son travail en maintenant un environnement stable pour ce type de filament, validant la compatibilité de la machine avec l'ABS et l'ASA (Acrylonitrile Styrène Acrylate).

  • Nylon (PA66) : j'ai utilisé du Nylon PA66, un filament particulièrement exigeant, pour tester la limite de la machine. Les résultats, bien que jugés "corrects", n'étaient pas parfaits au niveau des surplombs et des finitions. L'absence de chauffage actif montre ses limites dès que l'on s'attaque à des polymères qui nécessitent une température ambiante plus élevée pour une cristallisation et une adhésion optimales.

Je pense que pour un utilisateur ayant besoin d'imprimer occasionnellement du Nylon, la P2S peut suffire avec un calibrage minutieux, mais pour une production régulière de pièces techniques en Nylon ou PC, une machine à chambre chauffée activement reste la solution optimale.

Impression multicolore avec l'AMS

Le modèle Combo inclut le système AMS V2 Pro (Automatic Material System). L'AMS permet de gérer plusieurs bobines pour l'impression multicolore. J'ai constaté, comme toujours avec l'AMS, l'impact sur le temps et les déchets : une impression qui prenait 55 minutes en une seule couleur a nécessité 9 heures pour l'équivalent en quatre couleurs, générant un volume de purge conséquent. La précision dimensionnelle pour l'assemblage de pièces multicolores reste toutefois très bonne, preuve de la robustesse du système.

Le verdict : positionnement dans l'écosystème Bambu Lab

La Bambu Lab P2S est une imprimante performante qui s'inscrit parfaitement dans la continuité de la philosophie de la marque : une machine clé en main, rapide et efficace, s'appuyant sur un écosystème logiciel mature.

Alors, qui devrait considérer la P2S ?

  1. L'utilisateur néophyte ou intermédiaire qui souhaite une imprimante fermée et performante, capable de gérer des filaments avancés comme l'ABS, mais sans avoir besoin des matériaux les plus extrêmes (Nylon ou PC en grande quantité). La P2S offre une excellente qualité-prix pour ce segment.

  2. Le propriétaire d'une P1S qui n'imprime pas de filaments techniques et qui est satisfait de son expérience n'a pas nécessairement un besoin vital d'upgrader. Le gain principal se fera sentir au niveau du confort utilisateur (l'écran tactile) et de l'IA de détection.

  3. L'utilisateur hésitant avec la X1C doit se poser la question de la chambre chauffée activement et de la tige carbone. Si l'ABS est le maximum du filament technique envisagé, la P2S offre une performance comparable à la X1C pour une économie substantielle.

Je dirais que la P2S comble un vide en proposant une machine qui se rapproche du niveau de performance et de confort d'une X1C, mais à un prix plus accessible, en faisant des compromis raisonnables sur l'électronique de la tête d'impression et l'absence de chauffage actif de la chambre. C'est une machine qui fonctionne et qui fonctionne bien.

En conclusion, la Bambu Lab P2S est l'aboutissement d'une maturation technique. Elle prend l'ADN de la P1S – l'efficacité et la vitesse – et y ajoute les meilleures fonctionnalités issues du haut de gamme, notamment l'écran graphique et les systèmes de détection. Mon test confirme que pour l'immense majorité des projets utilisant du PLA, du PETG, de l'ASA ou de l'ABS, cette imprimante est un choix extrêmement pertinent.

Si vous êtes à la recherche d'une machine qui fonctionne de manière fiable dès le premier jour, tout en vous offrant la possibilité d'expérimenter le multicolore (avec le combo AMS) et les filaments techniques courants, la P2S est clairement à considérer. Maintenant que nous avons exploré les capacités des machines carénées de Bambu Lab, il serait intéressant d'approfondir l'impact réel de l'AMS sur le gaspillage de filament, un sujet qui mérite un article dédié.

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