Prusa Core One L : l'agrandissement réussi de la gamme ?

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Un volume d’impression doublé et des dimensions imposantes

Le changement le plus évident avec la Core One L est, sans surprise, son volume d'impression. Elle offre désormais un généreux espace de travail de 300*300*330 mm ³, ce qui représente un volume doublé par rapport à sa petite sœur, la Core One classique. Cette capacité ouvre la porte à l'impression de pièces unitaires de grande taille, un atout majeur pour les professionnels ou les makers ayant des projets ambitieux.

Dès l'ouverture, j'ai pu constater l'emballage soigné, bien que le transporteur (DHL) ait malheureusement malmené le premier carton. Heureusement, Prusa a eu la bonne idée de sécuriser la machine dans une seconde grande boîte, agissant comme une cloison étanche qui a absorbé les chocs. La machine est livrée presque entièrement montée, ne nécessitant que l'installation de l'écran et du support de bobine, une étape très simple qui se fait en quelques minutes.

Innovations techniques : plateau, circulation et ergonomie

Le nouveau plateau chauffant : uniformité et rapidité

La Core One L est équipée d'un nouveau plateau chauffant en aluminium de quatre millimètres. Ce plateau est conçu pour améliorer l'homogénéité thermique sur l'ensemble de la surface, un point critique pour l'adhérence des grandes pièces. Mes tests avec un capteur thermique ont confirmé que la répartition de la chaleur était très uniforme, même après seulement cinq minutes de préchauffage à 60°C. Sous ce plateau, deux ventilateurs facilitent la circulation de l'air chaud. Il est crucial de noter, et j’insiste sur cette nuance, que ceci n'est pas une chambre activement chauffée. C'est un système de circulation de chaleur actif qui, combiné à l'enceinte fermée (l'effet four), permet de faire monter et de répartir plus rapidement la chaleur dans la chambre d'impression. J'ai trouvé que ce système contribuait positivement à la régulation de l'environnement d'impression, notamment pour les filaments techniques.

Le switch magique pour le TPU

Une amélioration ergonomique que j'ai particulièrement appréciée est l'ajout d'un petit switch orange, situé à l'intérieur de l'imprimante, près du chemin du filament. Ce mécanisme permet de basculer le capteur de filament dans un mode optimisé pour le TPU (thermoplastique polyuréthane) et les filaments flexibles, ce qui simplifie grandement leur chargement, traditionnellement plus délicat sur les Core One précédentes. J'ai pu charger un TPU sans absolument aucune difficulté grâce à ce petit changement.

Capot supérieur à clip et caméra améliorée

Le capot supérieur, autrefois fixé par des rivets (ce qui rendait la maintenance un peu "casse-pieds", pour rester poli, et augmentait le risque de casse) , utilise désormais un système de clip. C'est un détail qui a toute son importance : il simplifie grandement l'accès à l'extrudeur et aux composants internes pour la maintenance ou les ajustements.

De plus, Prusa a intégré une nouvelle version de sa caméra embarquée. Bien qu'elle conserve la même apparence extérieure, la qualité d'image est nettement meilleure, offrant une meilleure visibilité même en conditions de faible luminosité. L'intégration NFC pour la configuration initiale du Wi-Fi et Prusa Connect est également un gain de temps appréciable.

L'ombre au tableau : l'absence de kit de mise à niveau et le prix

La rupture de la philosophie d'évolutivité

Le point qui, je pense, va le plus fâcher les utilisateurs fidèles de Prusa, c'est l'absence de kit de mise à niveau pour passer d'une MK4S ou d'une Core One vers cette Core One L. Cette décision est un écart notable par rapport à la philosophie historique d'évolutivité de Prusa, qui a toujours valorisé la pérennité de ses machines par des kits d'upgrade. Beaucoup, dont un de mes amis qui a récemment acheté une Core One, seront déçus de ne pas pouvoir faire évoluer leur machine vers ce grand format. Je considère que l'évolutivité est un axe de développement majeur qui valorise l'investissement initial, et son absence ici est un point à considérer sérieusement.

Un autre point d'amélioration ergonomique concerne le bouton marche/arrêt. Situé à l'arrière, il n'est pas vraiment très très accessible, ce qui le rend difficile à atteindre compte tenu des dimensions de la machine et de son placement probable contre un mur ou dans une enceinte. Un déport latéral ou frontal aurait été beaucoup plus pratique pour une machine de cette taille.

Le prix : un investissement justifié par l'écosystème ?

À 1700€, la Core One L est positionnée sur un segment tarifaire indéniablement élevé. Il est vrai que la concurrence propose des machines de grand format à des prix inférieurs. Toutefois, ce coût reflète plusieurs facteurs : le développement d'un système exigeant de grands formats, l'intégration de composants de haute qualité, et une ingénierie axée sur la fiabilité. L'élément clé justifiant cet écart tarifaire est la production et l'assemblage complet en Europe, en République Tchèque ici. Cela garantit un contrôle qualité rigoureux et un support technique plus court, ce qui assure une meilleure pérennité de l'investissement.

Pour un usage professionnel axé sur la productivité et la fiabilité, cet investissement peut être justifié par l'accès à une plateforme robuste, avec la garantie d'avoir des pièces de rechange pendant des années. Mais pour monsieur et madame tout le monde, qui impriment occasionnellement des objets de loisir, je pense qu'il existe des alternatives largement moins chères. La Prusa exige, de mon point de vue, une certaine compétence technique pour l'amener à son niveau maximal de précision et de calibration, ce qui n'est pas forcément le cas pour d'autres marques où l'impression "out of the box" est le maître-mot.

Performances d'impression : polyvalence et qualité

Concernant les performances, la Core One L m'a agréablement surpris par sa capacité à offrir de très bons résultats, même sans calibration poussée.

J'ai commencé par des impressions en PLA à partir de fichiers fournis, puis avec mes propres modèles slicés. Le chevalier Dark Souls II, un modèle plus destiné à la résine, est sorti avec des détails très fins en couche de 0,15 mm. Le test de surplomb, un argument fort de Prusa, s'est révélé particulièrement réussi, gérant des angles difficiles avec une grande propreté, même avec les profils par défaut.

J'ai ensuite exploré les filaments techniques :

• TPU (flexible) : grâce au nouveau switch, le chargement est devenu un jeu d'enfant. L'impression d'un petit Moaï en TPU 95A s'est déroulée sans accroc. J'ai testé en TPU 40D et là aussi, aucune difficulté. 
• PETG : l'impression d'un porte-plateau (que j'ai conçu moi-même) s'est déroulée sans difficulté particulière, confirmant que le PETG s'imprime comme du PLA. J'ai toutefois découvert que l'intérieur du châssis n'est plus en acier mais en aluminium, réduisant la capacité de personnalisation par aimants, une petite déception pour les utilisateurs de la Core One précédente.
• PC Blend, PA6 GF (nylon fibre de verre), ABS : ces matériaux plus exigeants se sont imprimés sans difficulté majeure avec les profils génériques. Si le PC Blend montrait de légers artefacts qui nécessiteront une optimisation du profil , l'impression en ABS était très propre "out of the box". Ces résultats sont encourageants et laissent entrevoir d'excellentes performances après une calibration ciblée.